Mettre au monde son bébé le plus naturellement possible : les maisons de naissance
« Les maisons de naissance » : voilà un sujet « bébé » encore nimbé d’un certain mystère en France. Les maisons de naissance sont des structures d’accueil et de suivi prénatal, périnatal et postnatal. Signe particulier ? Faiblement médicalisées, elles sont gérées par des sages-femmes et non par des médecins.
Elles ne laissent pas indifférent, suscitant l’enthousiasme ou la méfiance… On vous embarque pour un petit tour d’horizon de ce que sont réellement les maisons de naissance.
À quoi bon des maisons de naissance ?
À quoi bon des maisons de naissance, alors qu’il y a des maternités suréquipées dans les hôpitaux et dans les cliniques ? Justement à proposer une approche nettement moins médicalisée. Parce que le « moins » dans un domaine se révèle le « plus » dans un autre : contrairement à l’immense majorité des maternités, les maisons de naissance proposent un accompagnement global, du début de la grossesse à la fin du post-partum.
La particularité est que l’accueil, le suivi de grossesse et l’accouchement se déroulent dans le cadre de la physiologie : les maisons de naissance ne prennent donc pas en charge les pathologies, ni les grossesses dites à risque et les grossesses gémellaires.
Tenues et animées exclusivement par des sages-femmes et non par des médecins, les maisons de naissance renouent avec l’accouchement conçue avant tout comme une aventure de femme et de famille. Certes le monde médical prend en charge les naissances, mais… seulement en Occident, et seulement depuis les années soixante. Les maisons de naissance remettent en perspective cette parenthèse parfois « techniciste » pour se placer dans le temps long de la pratique millénaire de l’accouchement naturel.
Pas question de céder au passéisme pour autant ! Si les maisons de naissance sont des structures administrativement autonomes, elles transfèrent la femme enceinte vers une maternité partenaire dès qu’apparaît un besoin de médicalisation.
En pratique : l’accueil en maison de naissance
En pratique, comment se passe l’accueil en maison de naissance ? La femme enceinte et son/sa conjoint.e prennent contact avec l’équipe de sages-femmes dès le début de la grossesse. Le suivi de la grossesse suit les étapes classiques : échographies, dépistages… mais en limitant certains examens inutilement intrusifs. C’est la même sage-femme qui effectue le suivi de la grossesse, la préparation à l’accouchement, l’accouchement et enfin le post-partum. Un vrai plus pour se sentir pleinement écoutée et soutenue.
La préparation à l’accouchement a pour objectif d’autonomiser la femme par rapport au savoir médical, et de permettre à l’autre parent de trouver sa place. Il y est question d’écoute de son propre corps, et de confiance en soi malgré l’ « inconnu » qui arrive.
Au moment de l’accouchement proprement dit, règne la même atmosphère d’intimité et de soutien. Les sages-femmes respectent le rythme et la position propres à chaque naissance. Pas de péridurale, de « timing » ni d’étriers, mais des propositions alternatives de gestion de la douleur.
Quelques heures après la naissance, la famille toute neuve rentre chez elle à trois. En effet, les maisons de naissance ne proposent pas d’hébergement. Mais des visites à domicile ou à la maison de naissance assurent le suivi et le soutien des tout premiers jours de vie et des premières installations dans la vie de jeune parent.
Les maisons de naissance se conçoivent comme un lieu à la fois protecteur pour la famille en devenir, et ouverts sur l’extérieur : on y valorise le métier de sage-femme, on perpétue leur formation, on fait circuler les connaissances et on propose aux futurs et jeunes parents des bonnes adresses d’associations (cercle de parents, cercle de femmes, soutien à l’allaitement, PMI etc).
Et s’il n’y a pas de maison de naissance près de chez vous ?
L’idée vous enthousiasme, mais il n’y a pas de maison de naissance près de chez vous ? C’est hélas encore souvent le cas : il n’en existe actuellement que huit en France. Si vous n’en êtes pas à votre huitième mois, l’espoir de pouvoir accoucher dans une maison de naissance est cependant permis : le projet de loi de financement de la sécurité sociale voté en septembre 2020 en prévoit douze de plus. En outre, l’OMS appelle désormais explicitement à la prudence envers la surmédicalisation.
Mais s’il n’y a aucune maison de naissance à une distance raisonnable, ni aujourd’hui, ni demain ? Inspirons-nous alors de l’esprit qui régit une maison de naissance : aider chaque femme à trouver en elle sa capacité à donner naissance, laisser agir les processus physiologiques et accueillir le bébé en douceur. Dans cet esprit de favoriser un accouchement naturel, il existe plusieurs alternatives à l’accouchement médicalisé.
Par exemple, si l’immense majorité des sages-femmes refusent aujourd’hui d’accompagner des accouchements à domicile en raison d’assurances hors de portée, certaines peuvent vous proposer un plateau technique : une bulle « maison de naissance » (donc faiblement médicalisée et favorisant un accouchement le plus naturel possible), mais à l’intérieur d’un hôpital classique.
Une naissance au naturel, c’est aussi une préparation à l’accouchement : on vous recommande par exemple l’approche de l’haptonomie pour faire un pas de côté par rapport aux connaissances purement techniques. Centrée sur le toucher, l’haptonomie fait la part belle à la qualité de présence à son propre corps et permet au partenaire de tisser très tôt une relation avec l’enfant à naître.
Par ailleurs, il existe aujourd’hui en France 52 maternités labellisées IHAB (« Initiative Hôpital Ami des Bébés »). Le personnel y est particulièrement formé au soutien à la mise en place de l’allaitement et à la pratique du « peau à peau ».
Il n’y en a pas près de chez vous ? Ne vous découragez pas, et profitez de la visite de la maternité à la fin de votre grossesse pour vous renseigner sur l’existence d’une « salle nature » (moins médicalisée, avec une grande baignoire pour vivre plus souplement la phase de travail). Même dans un hôpital classique et même si cela diffère de 80 % des accouchements en France, si vous ne souhaitez pas de péridurale, il est tout à fait légitime de tenir bon face à l’équipe médicale.
En définitive, que vous donniez la vie en maison de naissance, dans une maternité IHAB ou dans un hôpital classique, il y a de nombreuses façons de vivre votre accouchement de la manière la plus naturelle.
L’essentiel ? Vous réapproprier l’instant de la naissance – et, dans cet instant, la part d’éternité de la co-naissance.
Texte rédigé par Lucile Gobet-Desjardins. Retrouvez d’autres articles sur notre blog.